La Bolivie veut récupérer ses ressources naturelles
La Bolivie veut récupérer ses ressources naturelles
Reuters
Le chef de la diplomatie bolivienne annonce que son gouvernement nationalisera toutes ses ressources naturelles mais il promet la "sécurité de la loi" aux investisseurs étrangers.
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"Nous allons récupérer l'ensemble de nos ressources naturelles", a déclaré David Choquehuanca Cespedes lors d'une conférence de presse aux Nations unies au début d'un forum international de 11 jours consacré aux peuples indigènes.
"Nous ne souhaitons pas rester sans rien faire face au pillage de nos ressources nationales. Nous avons des lois et les investisseurs étrangers doivent les respecter".
"Nous souhaitons garantir la sécurité de la loi aux investissements étrangers", a-t-il ajouté.
Largement élu en décembre, Evo Morales, premier président bolivien d'origine indigène, a signé le 1er mai un décret de nationalisation du secteur des hydrocarbures dans son pays et laissé 180 jours aux investisseurs étrangers pour négocier de nouveaux contrats.
La Bolivie possède les deuxièmes réserves en gaz d'Amérique latine après le Venezuela.
Morales avait également annoncé que d'autres secteurs de l'économie bolivienne seraient nationalisés.
Choquehuanca a précisé que le gouvernement s'attaquerait ensuite à la réforme agraire pour redistribuer les terres "de façon équitable" avant de s'occuper des forêt, des mines d'argent, et du secteur de l'eau.
"Les multinationales ne vont pas devoir quitter la Bolivie. Elles vont continuer à y faire des bénéfices et nous ne souhaitons nullement avoir un impact sur leurs bénéfices", a dit le chef de la diplomatie bolivienne.
"Nous souhaitons juste changer les règles du jeu, qui ont jusqu'à présent été à leur avantage et qui n'ont pas permis à notre peuple de profiter des bénéfices produits".
Il a affirmé que la Bolivie avançait dans ses discussions avec la France, l'Espagne ou le Brésil, qui ont d'importants intérêts dans ce pays.
L’Algérie va moderniser le secteur des hydrocarbures
L’Algérie va moderniser le secteur des hydrocarbures
La réforme du secteur des hydrocarbures en Algérie a été au coeur de l’intervention du ministre de l’énergie et des mines, Chakib Khelil, devant les professionnels du Club Excellence Management.
mardi 9 mai 2006.
Chakib Khelil - 3.5 ko
Chakib Khelil
Chakib Khelil a rappelé que le nouveau cadre réglementaire qui régit le secteur des hydrocarbures permettra, notamment, d’« améliorer la compétitivité et la gouvernance des entreprises du secteur et celui du service public, augmenter les revenus de l’Algérie, diversifier les exportations et instaurer la transparence ». Sur ce dernier point, le ministre est revenu sur la création et les missions de respectivement l’Agence de régulation des hydrocarbures (ARH), El Naft et la commission de régulation de l’électricité et gaz (CREG).
Par ailleurs, l’amélioration du cadre de vie des cadres du secteur de l’énergie en Algérie est une question sur laquelle Khelil a particulièrement insisté. C’est là la seule manière de les « fidéliser » et la création d’une caisse de crédit au profit des travailleurs s’inscrit justement dans cet objectif, soutient-il. En fait, l’on est conscient du risque réel d’un départ massif des cadres et techniciens vers les sociétés étrangères et vers d’autres pays. Le MEM a, d’ailleurs, reconnu que « l’Algérie perd des cadres, y compris de Sonatrach. Ils partent travailler dans des compagnies opérant dans les pays du Golfe ». Selon des estimations non officielles, il y aurait eu « en 2005 le départ d’une centaine de cadres de la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach ».
Revenant sur le bilan de son secteur, Chakib Khelil a indiqué que depuis 2000, il a été question de la signature de 43 accords d’exploration où il a également été question d’un investissement de 1,5 milliard de dollars. Le secteur a, en outre, enregistré 49 découvertes. Rien que durant les quatre premiers mois de l’année en cours, il a annoncé pas moins de 8 découvertes. La production a sensiblement augmenté pour passer de 900.000 barils/jour en 2000 à 1,4 million barils/jour. En plus des deux grands projets gaziers qui sont en chantier (l’un reliera l’Algérie à l’Espagne et l’autre l’Algérie à l’Italie) et qui seront opérationnels, respectivement, en 2009 et 2011 et le dessalement d’eau de mer, le ministre de tutelle est revenu sur la dynamique que connaît le secteur des mines qui a ramené à l’Etat quelque 2 milliards de dinars de recette.
Synthèse de Ahlem, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran
Bolivie La nationalisation des hydrocarbures inquiète
Bolivie
La nationalisation des hydrocarbures inquiète
Le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, l’Argentin Nestor Kirchner et le Vénézuélien Hugo Chavez discutent ce jeudi avec le président bolivien Morales. La rencontre a lieu à Puerto Iguazu, en Argentine. Elle intervient deux jours après l’annonce, par le président bolivien, de la nationalisation du secteur des hydrocarbures de son pays. On peut l’imaginer : le président vénézuélien vient certainement conseiller Evo Morales. Ce dernier semble suivre la trace d’Hugo Chavez en voulant, en nationalisant, faire rester au pays les bénéfices du gaz. En janvier dernier, au Venezuela, la loi a changé à l’égard des compagnies pétrolières étrangères. Leurs impôts ont augmenté de moitié. Evo Morales pourrait bien s’inspirer de ce système. Pour leur part, les chefs d’Etat argentin et brésilien viennent à la réunion de Puerto Iguazu en demandeurs. Ils doivent défendre l’approvisionnement énergétique de leur pays et du même coup les intérêts de leurs compagnies pétrolières. Les hydrocarbures représentent 15% du produit intérieur brut de la Bolivie. C’est surtout le gaz qui compte car le pays, avec ses réserves de plus de 1 500 milliards de mètres cube, représente le deuxième gisement de toute l’Amérique du Sud. En revanche, la production de pétrole est faible avec 40 000 barils de pétrole produits chaque jour. Malgré ces atouts, la Bolivie reste le pays le plus pauvre de tout le continent.
Le président Morales a donné 6 mois aux 26 compagnies étrangères qui extraient le gaz bolivien pour renégocier leur contrat, sinon elles devront quitter le pays. La réunion de ce jeudi, aux confins du Brésil et de l’Argentine, devrait permettre aux pays consommateurs ou producteurs de gaz bolivien, de se faire une première idée des nouvelles conditions décidées par le gouvernement. Elles concerneront tout à la fois les bénéfices des compagnies étrangères et l’approvisionnement des pays voisins.
Le blues des compagnies étrangères
Entre la décision de nationaliser et la réunion à quatre chefs d’Etats, le président Morales a cherché à tempérer la portée de sa décision. Sur la chaîne internationale Telesur, basée à Caracas, le président bolivien a précisé que le décret n’entraînerait «aucune confiscation, ni expropriation des biens des entreprises pétrolières». S’exprimant également sur la chaîne américaine CNN, Evo Morales a parlé de «décision souveraine», et a nié avoir été conseillé par le président vénézuélien. Entre-temps, plusieurs compagnies pétrolières implantées en Bolivie ont fait part de leur inquiétude. La brésilienne Petrobras a même annoncé une suspension des investissements dans ce pays. Le président de la compagnie, Sergio Gabrielli a affirmé que son pays n’accepterait pas de modification des prix du gaz «hors des normes en vigueur dans le contrat». Le Brésil importe aujourd’hui environ 30 millions de mètres cubes de gaz bolivien par jour, la moitié de sa consommation. Il était question d’accroître de 50% cet approvisionnement en augmentant les capacités du gazoduc reliant les deux pays. «Nous allons retirer cette proposition, ce qui veut dire qu’à partir de 2008, nous devrons disposer d’autres sources (d’approvisionnement)», a encore précisé le patron de Petrobras, l’une des entreprises étrangères les plus présentes en Bolivie.
Le président de Petrobas s’est également voulu rassurant pour les Brésiliens, affirmant que malgré la décision bolivienne, il n’y aurait pas de rupture dans l’approvisionnement en gaz. Sergio Gabrielli a également tenté de faire retomber la tension entre les deux pays, indiquant que cette question du gaz «ce n’est pas un problème entre le Brésil et la Bolivie mais entre Petrobas et YPFB (la compagnie pétrolière bolivienne)». Le président Luiz Inacio Lula da Silva a, pour sa part, exclu une «crise Brésil-Bolivie». Au moment de l’élection présidentielle, il avait soutenu Evo Morales. José Luis Rodriguez Zapatero, le président espagnol, suivra certainement de près la réunion entre les quatre chefs d’Etat latino-américains. Lui aussi avait soutenu Evo Morales à l’occasion de la dernière élection. Mais l’une des plus grandes entreprises espagnoles, Repsol YPF, est, comme Petrobras, très présente en Bolivie. Depuis 1997, la compagnie espagnole a investi plus d’un milliard d’euros dans le pays. A travers sa filiale Andina, Repsol YPF contrôle plus du quart de la production de gaz bolivien. Après avoir jugé «inquiétante» l’annonce du président Morales, le groupe espagnol s’est dit déterminé à «protéger» ses actifs. Les relations sont mauvaises entre le groupe espagnol et la Bolivie qui l’accuse de faire de la contrebande de pétrole.
La Bolivie n’est pas un gros fournisseur de la compagnie française Total. Cette dernière est tout de même en train de discuter avec La Paz «pour voir s’il est possible de continuer à exercer nos activités dans ce pays dans des conditions acceptables».
C’est ce qu’a déclaré un responsable de la compagnie pétrolière française. Il a rappelé que la Bolivie représente moins de 1% de la production du groupe français.
L’impact sur les cours mondiaux
Les experts estiment que la Bolivie, contrairement à l’Iran, ne représente pas un enjeu majeur sur le marché mondial de l’énergie. Ils estiment cependant que la décision spectaculaire du président Morales pourrait avoir un impact sur les cours. Partir ou rester : la question se posera assez vite pour les multinationales selon les retours sur investissement qu’elles pourront escompter une fois l’ampleur de la réforme connue.
Pour l’heure, ces compagnies spécialisées ont reçu le secours de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Elle estime que la nationalisation des hydrocarbures est «une voie dangereuse pour l’Amérique latine, qui effraie les investisseurs. Evo Morales sait qu’il a besoin de la capacité financière et technique des compagnies et ces dernières ont besoin du gaz bolivien. En conséquence, il y a une dépendance mutuelle», a déclaré le numéro deux de l’Agence William Ramsay. Il a demandé à la Bolivie de ne pas suivre l’exemple du Venezuela. «S’il n’y a pas d’équilibre entre les intérêts des compagnies et ceux du pays, le perdant, c’est finalement le pays», a-t-il affirmé. Selon ce spécialiste de l’énergie, la Bolivie se trompe si elle tente de réduire le rôle des compagnies à celui d’une simple prestation de service.
L’Europe a également manifesté son «inquiétude» tandis que les Etats-Unis restent dans une position plus attentiste. En tout cas, si les compagnies britanniques, américaines, brésiliennes ou encore espagnoles quittaient les champs gaziers boliviens, il est probable que des entreprises chinoises ou indiennes prendraient leur place. Les quatre chefs d’Etat l’auront certainement à l’esprit mais une chose est sûre : en juillet, il y a de nouvelles élections en Bolivie. Obtenir par exemple une augmentation du prix du gaz acheté par le Brésil représenterait un atout politique pour le président Morales. Car la richesse du gaz est un sujet de discussion dans le pays.
L'Amérique du Sud en émoi autour du gaz bolivien
Un véritable sommet de crise a réuni les présidents du Brésil, d'Argentine, de Bolivie et du Venezuela, jeudi 4 mai, à la suite de la nationalisation des hydrocarbures décrétée par le président bolivien, Evo Morales, le 1er mai. Les quatre chefs d'Etat se sont enfermés pendant trois heures, sans ministres ni conseillers, dans un climat tendu, à Puerto Iguazu, ville argentine située près de la frontière brésilienne.
Le sommet a été organisé à la demande des Brésiliens, irrités par le déploiement de troupes dans les installations gazières et pétrolières qui a accompagné l'annonce du président Morales. L'entreprise publique brésilienne Petrobras est la première compagnie étrangère touchée par la nationalisation, alors que le Brésil et l'Argentine sont les principaux importateurs de gaz bolivien.
A Puerto Iguazu, les Argentins ont voulu se présenter en modérateurs. A l'issue de la réunion, le président argentin Nestor Kirchner a lu une déclaration d'une quinzaine de lignes, censée exprimer le consensus retrouvé. Les quatre présidents sont convenus d'assurer "l'approvisionnement en gaz, favorisant un développement équilibré entre les pays producteurs et les pays consommateurs". La discussion sur les prix du gaz, que les Boliviens souhaitent doubler pour le rapprocher des prix du marché international, aura lieu "dans un cadre rationnel et équilibré qui rende viables les transactions".
Lors de la conférence de presse qui a suivi, les quatre présidents ont fait assaut d'amabilités et posé main dans la main pour les photographes. M. Kirchner a juré qu'il avait participé à "l'une des meilleurs réunions depuis (qu'il est) président". A en croire Evo Morales, "cette réunion règle toutes les susceptibilités".
Leur homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a démenti qu'une alliance entre la Bolivie et le Venezuela se dessine aux dépens des intérêts du Brésil et de l'Argentine. "Petrobras est une entreprise indépendante, qui investira là où elle aura des opportunités de rentabilité", a-t-il précisé.
La compagnie brésilienne Petrobras avait annoncé, la veille, la suspension de ses investissements en Bolivie. Le président bolivien avait dénoncé un "chantage". En fait, toutes les compagnies pétrolières étrangères présentes en Bolivie ont suspendu leurs investissements depuis l'adoption de la loi sur les hydrocarbures, en mai 2005, sept mois avant l'élection de M. Morales.
Le président vénézuélien, Hugo Chavez, a démenti à son tour avoir pesé sur la décision de M. Morales, qu'il avait pourtant rencontré, la veille du 1er mai à La Havane, en présence de Fidel Castro. Avant de se rendre à Puerto Iguazu, M. Chavez est passé par La Paz, accompagné par sept ministres, venus pour conseiller leurs homologues boliviens.
Le président vénézuélien a également nié que l'entreprise Petroleos de Venezuela (PDVSA) tente de prendre la place de Petrobras, tout en confirmant son intention d'investir en Bolivie.
En privé et sous couvert d'anonymat, les Brésiliens dénoncent désormais le "double jeu" de M. Chavez, qui a lancé le projet d'un immense gazoduc destiné à exporter le gaz vénézuélien vers le Brésil et l'Argentine, en concurrence ouverte avec le gaz bolivien, alors qu'il se présente comme le meilleur ami de M. Morales.
Sans aller aussi loin, Marco Aurelio Garcia, conseiller diplomatique du président Lula, admet qu'à Puerto Iguazu les "explications" ont été orageuses et que M. Chavez a "des manières et des préférences très particulières".
"Le rôle de Chavez est néfaste", pointe la Brésilienne Monica Hirst, qui enseigne les relations internationales à l'université Torcuato Di Tella, à Buenos Aires. "La dispute idéologique est en train de faire de l'énergie un facteur de fragmentation et de division entre les pays, au lieu d'être un axe d'intégration régionale", déplore-t-elle. Insatisfait avec le Mercosur (l'union douanière sud-américaine), le président socialiste uruguayen, Tabaré Vazquez, a envisagé, jeudi à Washington, la négociation d'un traité de libre-échange bilatéral. Ce même jeudi, l'Argentine a porté plainte contre l'Uruguay devant la Cour internationale de La Haye, après trois mois de conflit à propos de la construction de deux usines de cellulose sur les rives du Rio de la Plata. "La région est en pleine déconfiture", conclut Monica Hirst.
Paulo A. Paranagua
Chiffres
Le Brésil et l'Argentine ont besoin du gaz bolivien dans des proportions différentes.
Tarifs. La compagnie brésilienne Petrobras importe 26 millions de mètres cubes de gaz bolivien par jour, payés 3,38 dollars le million de BTU (British Thermal Unit), alors qu'il vaut trois fois plus en Californie. Les Boliviens souhaitent porter ce prix de vente à 5 dollars le million de BTU.
Dépendance. Le gaz représente une faible part de la consommation énergétique du Brésil (3 % à 8 % selon les sources). Mais la consommation est concentrée dans la région industrielle de Sao Paulo et dans le Sud.
L'Argentine dépend davantage du gaz (51 % de l'énergie), mais pas autant que le Brésil des importations en provenance de Bolivie, puisque les Argentins sont également producteurs.
Source : LE MONDE | 05.05.06
Bolivie : Morales nationalise son pétrole
Bolivie : Morales nationalise son pétrole
Pauline Lecuit, L'Express avec Reuters
Comme promis au moment de son élection, le président bolivien Evo Morales a demandé hier aux compagnies étrangères de restituer immédiatement à l'Etat leurs gisements de gazLa nationalisation du secteur des hydrocarbures de Bolivie est officielle. Un décret dans ce sens a en effet été signé hier par le président Evo Morales dans le gisement gazier de San Alberto, jusqu'ici exploité par la compagnie brésilienne Petrobras. "L'Etat recouvre la propriété et l'entier contrôle de ces ressources", a déclaré le chef d'Etat élu à la mi décembre.
Il a aussitôt été demandé aux forces armées, ainsi qu'à des bataillons d'ingénieurs, d'occuper tous les gisements d'hydrocarbures du pays, et aux compagnies étrangères de restituer immédiatement à l'Etat leurs biens et de signer de nouveaux contrats d'exploitation dans les six mois. Parmi ces investisseurs: le Français Total, l'Espagnol Repsol YPF et leBbritannique BG Group.
Promesse tenue"Nous ne sommes pas un gouvernement qui se borne à faire de simples promesses, nous donnons suite à ce que nous proposons et à ce que le peuple réclame", a ajouté le président bolivien. La Bolivie, qui dispose des deuxièmes plus importantes réserves de gaz naturel d'Amérique du Sud après le Venezuela, a été au cœur de plusieurs révoltes populaires au cours des trois dernières années.
Selon le vice-président bolivien, Alvaro Garcia, des employés de la compagnie nationale des hydrocarbures, YPFB, et l'armée ont déjà commencé à occuper 53 installations énergétiques, dont des raffineries, des gisements gaziers et des gazoducs, dans l'ensemble du pays.
Bolivie : Nationalisation des hydrocarbures
Evo Morales nationalise les hydrocarbures en Bolivie
Par Lamia Oualalou
02 mai 2006, Le Figaro (Rubrique International)
L'armée a pris possession des champs exploités par les multinationales étrangères.
RIEN DE TEL qu'un week-end à La Havane entre Fidel Castro et Hugo Chavez pour en finir avec les hésitations. Rentré de Cuba hier, le président bolivien Evo Morales a surpris tout le monde en annonçant la nationalisation des hydrocarbures de son pays. Après des mois de tergiversations, il a opté pour la manière forte. «Nous demandons aux forces armées, ainsi qu'à des bataillons d'ingénieurs, d'occuper dès maintenant tous les gisements», a-t-il déclaré. L'armée s'est exécutée, qualifiant la décision d'Evo Morales de «nationalisation intelligente». Les vingt-six compagnies étrangères installées dans le pays, dont la brésilienne Petrobras, la française Total, l'Espagnole Repsol ou encore l'américaine ExxonMobil, ont 180 jours pour négocier de nouveaux contrats, sous le signe, dit le gouvernement, «de l'équité et de la justice».
En privé, certains dirigeants des compagnies étrangères reconnaissent que cette équité a trop longtemps été absente des contrats boliviens. Non seulement la population n'a jamais profité des bénéfices engendrés par l'exploitation des ressources naturelles (mines hier, hydrocarbures aujourd'hui), mais ces derniers étaient faibles. Le Brésil et l'Argentine, puissants voisins voraces en énergie, avaient bien trop intérêt à s'approvisionner en gaz à bas prix pour se préoccuper des conséquences de ce partage inégal sur le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud. La Bolivie est depuis trois ans en ébullition, le débat sur l'exploitation des hydrocarbures ayant déjà entraîné la chute de deux présidents. Evo Morales le sait : depuis cent jours au gouvernement, il doit déjà affronter une vague de mouvements sociaux lui rappelant ses engagements.
Une popularité historique
C'est fort d'une popularité historique (près de 80%), que le chef d'Etat bolivien décide d'imiter un de ses voisins, Hugo Chavez. Le président vénézuélien a imposé plus que négocié une transformation des contrats avec les multinationales étrangères contraintes d'accepter ses propositions avant le 31 mars dernier, ou d'abandonner certains de leurs champs. Hormis l'américaine ExxonMobil, elles ont toutes accepté, avec la grimace. Le niveau historique des cours du pétrole (plus de 70 dollars le baril), les en a convaincus. Mais la Bolivie a beau être à la tête du deuxième plus grand gisement de gaz du continent, elle n'est pas dans la même situation. Ses capacités financières inexistantes et l'absence de savoir-faire la font dépendre des entreprises étrangères. Surtout, Evo Morales prend le risque de braquer le Brésil, dont les entreprises contrôlent un bon tiers de l'activité du pays, dans les hydrocarbures, l'agriculture ou les mines.
Ayant annoncé qu'il gouvernerait sans tuteur, Evo Morales passe pourtant progressivement dans l'ombre d'Hugo Chavez. Un mouvement qui s'explique sans doute en partie par le repli du Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva sur son pays, à six mois de l'élection présidentielle. Ce week-end, à La Havane, Evo Morales a décidé de faire de son pays le troisième membre de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (Alba), un projet régional d'intégration économique et politique dont la dynamique dépend exclusivement des pétrodollars d'Hugo Chavez.