mercredi, octobre 17, 2007

Italie/Libye: accord stratégique ENI/NOC sur gaz et pétrole

Italie/Libye: accord stratégique ENI/NOC sur gaz et pétrole
Par Elisabeth Studer le 17 octobre 2007

Le groupe pétrolier et gazier italien Eni a signé mardi avec la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) un accord "stratégique" lui permettant de prolonger de 25 ans son contrat d'approvisionnement en gaz et pétrole et prévoyant 28 milliards de dollars d'investissements communs sur 10 ans.

En 2005, Eni était le premier opérateur international en Libye avec environ 19% de la production annuelle de pétrole du Pays.


Le contrat d'approvisionnement en pétrole court désormais jusqu'à 2042 et jusqu'à 2047 pour la fourniture de pétrole, a précisé le groupe italien dans un communiqué. Les deux groupes vont par ailleurs investir 28 milliards de dollars sur 10 ans dans des projets pétroliers et gaziers communs.

Eni prendra en charge la moitié de ces investissements et va consacrer en outre 800 millions de dollars sur 7 ans pour augmenter ses capacités de production, a précisé sur place son administrateur délégué, Paolo Scaroni.

Disposant de réserves prouvées de gaz évaluées à 1314 Mrds m³ fin 2006, la Libye occupe la 21ème position mondiale. Elle se situe au 3ème rang sur le continent africain derrière l’Algérie (4523 Mrds m³) et le Nigeria (3610 Mrds m³). Les ressources en gaz, particulièrement en mer, pourraient s’avérer très importantes.

Le plan d’utilisation du gaz naturel prévoit une consommation nationale d’environ 1 200 M pied cube par jour (p.c/j) entre 2007 et 2015, contre moins de 700 M p.c/j en 2003. Près des deux tiers de cette consommation proviendraient du secteur électrique qui devancerait largement la pétrochimie, la sidérurgie et les cimenteries.

Jusqu’à une période récente, la production de gaz avait toujours occupé une place secondaire par rapport au pétrole dans le secteur des hydrocarbures en Libye. Le gouvernement a pris conscience du potentiel et s’est attaché à relancer ce secteur, notamment grâce au projet « Western Libya Gas Project » (WLGP).

Les travaux, mis en oeuvre par la NOC et la société italienne ENI, associée à ses filiales, comprenaient la construction d’un complexe gazier à Mellitah, la construction d’un gazoduc reliant l’ensemble des champs de ENI dans la région et l’édification d’un pipeline sous-marin reliant les côtes libyennes et italiennes (Greenstream). Ce projet de 8,7 Mrds USD, qui a commencé en 1999, devrait fournir 210 M p.c par an de gaz à l’exportation.

Auparavant, le seul client pour le gaz libyen était la société espagnole ENAGAS. Via le WLGP, une joint-venture à 50/50 entre ENI et la NOC, la Libye a étendu ses exportations vers l’Italie et au-delà, la France (Gaz de France) et la Suisse notamment. La réalisation de ce projet devait permettre une exportation de 8 milliards de m3 de gaz naturel en 2006, portée ultérieurement à 12 milliards de m3.

Outre le gazoduc Libye-Italie (Greenstream), le raccordement du réseau libyen aux pays étrangers se poursuit notamment avec la volonté de relier définitivement, la Libye et l’Égypte d’une part, et la Tunisie et la Libye d’autre part.

Un autre projet consiste en la construction d’un pipeline de 900 miles du Nord de l’Afrique vers l’Europe du Sud. Un tel pipeline pourrait transporter du gaz naturel d’Égypte, de Libye, de Tunisie et d’Algérie, via le Maroc vers l’Espagne.