mercredi, mars 28, 2007

Total au coeur de plusieurs affaires de corruption présumée

Le groupe pétrolier français Total, actuellement aux prises avec les juges dans le procès de la catastrophe du pétrolier Erika, est au coeur de plusieurs affaires de corruption présumée dans les mains de la justice financière française.

Depuis le 12 février, Total, premier groupe français en terme de chiffre d'affaires et de capitalisation boursière, assiste sur le banc des prévenus au procès concernant le naufrage en décembre 1999 du pétrolier Erika.

Mercredi, les soucis judiciaires du géant français du pétrole ont pris une nouvelle tournure avec la convocation et le placement en garde à vue mercredi du directeur général du groupe, Christophe de Margerie, dans le cadre d'une affaire de corruption en Iran.

Dans cette affaire, une information judiciaire confiée au juge financier Philippe Courroye a été ouverte en décembre 2006 sur des soupçons de corruption en vue de l'obtention d'un contrat gazier en Iran entre 1996 et 2003.

Le contrat conclu en 1997 avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC concernait l'exploitation - par une joint-venture réunissant Total, le russe Gazprom, et le malaisien Petronas - d'une partie du champ gazier off-shore de South Pars au large de l'Iran.

Des fonds dont la trace a été retrouvée en Suisse - au total environ 60 millions d'euros - auraient été versés de façon illicite par des dirigeants du pétrolier français à des décideurs iraniens, en vue de s'assurer l'obtention du marché.

Dans un autre dossier, connu sous le nom de "pétrole contre nourriture", M. de Margerie est déjà mis en examen par le juge Courroye depuis le 19 octobre 2006, notamment pour "complicité de corruption d'agents publics étrangers". Cette enquête a été ouverte en 2002 et vise le versement présumé de commissions illicites entre 1996 et 2002 pour favoriser Total en Irak. Plusieurs autres cadres ou ex-cadres de Total ont été mis en examen depuis 2004.

Deux branches du groupe sont mises en cause: "exploration production", chargée de découvrir des gisements d'hydrocarbure et "trading", chargée de la commercialisation du pétrole.

C'est dans ce dossier que M. Courroye a découvert que des Français étaient susceptibles d'avoir touché des commissions occultes issues de barils de pétrole irakiens.

Enfin, le parquet de Paris a ouvert début février une autre information judiciaire pour "blanchiment" à la suite d'une enquête préliminaire sur d'autres soupçons de "corruption d'agent public étranger" à l'égard de Total dans l'exploitation et la commercialisation de pétrole au Cameroun en.

Cette procédure a été initiée après une une dénonciation de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l'Economie et des Finances.

A ce jour, les enquêteurs disposent uniquement de soupçons sur des mouvements de fonds suspects sur le compte d'un fonctionnaire camerounais en France.