Total au coeur de plusieurs affaires de corruption présumée
Le groupe pétrolier français Total, actuellement aux prises avec les juges dans le procès de la catastrophe du pétrolier Erika, est au coeur de plusieurs affaires de corruption présumée dans les mains de la justice financière française.
Depuis le 12 février, Total, premier groupe français en terme de chiffre d'affaires et de capitalisation boursière, assiste sur le banc des prévenus au procès concernant le naufrage en décembre 1999 du pétrolier Erika.
Mercredi, les soucis judiciaires du géant français du pétrole ont pris une nouvelle tournure avec la convocation et le placement en garde à vue mercredi du directeur général du groupe, Christophe de Margerie, dans le cadre d'une affaire de corruption en Iran.
Dans cette affaire, une information judiciaire confiée au juge financier Philippe Courroye a été ouverte en décembre 2006 sur des soupçons de corruption en vue de l'obtention d'un contrat gazier en Iran entre 1996 et 2003.
Le contrat conclu en 1997 avec la société pétrolière nationale iranienne NIOC concernait l'exploitation - par une joint-venture réunissant Total, le russe Gazprom, et le malaisien Petronas - d'une partie du champ gazier off-shore de South Pars au large de l'Iran.
Des fonds dont la trace a été retrouvée en Suisse - au total environ 60 millions d'euros - auraient été versés de façon illicite par des dirigeants du pétrolier français à des décideurs iraniens, en vue de s'assurer l'obtention du marché.
Dans un autre dossier, connu sous le nom de "pétrole contre nourriture", M. de Margerie est déjà mis en examen par le juge Courroye depuis le 19 octobre 2006, notamment pour "complicité de corruption d'agents publics étrangers". Cette enquête a été ouverte en 2002 et vise le versement présumé de commissions illicites entre 1996 et 2002 pour favoriser Total en Irak. Plusieurs autres cadres ou ex-cadres de Total ont été mis en examen depuis 2004.
Deux branches du groupe sont mises en cause: "exploration production", chargée de découvrir des gisements d'hydrocarbure et "trading", chargée de la commercialisation du pétrole.
C'est dans ce dossier que M. Courroye a découvert que des Français étaient susceptibles d'avoir touché des commissions occultes issues de barils de pétrole irakiens.
Enfin, le parquet de Paris a ouvert début février une autre information judiciaire pour "blanchiment" à la suite d'une enquête préliminaire sur d'autres soupçons de "corruption d'agent public étranger" à l'égard de Total dans l'exploitation et la commercialisation de pétrole au Cameroun en.
Cette procédure a été initiée après une une dénonciation de Tracfin, la cellule antiblanchiment du ministère de l'Economie et des Finances.
A ce jour, les enquêteurs disposent uniquement de soupçons sur des mouvements de fonds suspects sur le compte d'un fonctionnaire camerounais en France.
Bolivie : une enquête du sénat menace la validité des grands contrats gaziers
Les autorités boliviennes ont reconnu devant une commission d’enquête du sénat avoir passé des accords verbaux avec les compagnies pétrolières, en marge des contrats signés officiellement, qui pourraient être remis en cause.
L’ancien ministre bolivien des hydrocarbures, Andrés Soliz, qui a été entendu jeudi soir par les sénateurs sur les irrégularités dans les grands contrats de gaz, a recommandé de renégocier avec les compagnies pétrolières internationales.
Les "erreurs" ou irrégularités porteraient sur une taxe payable, selon les pétroliers, durant six mois et qui devrait être permanente d’après les autorités boliviennes.
Le gouvernement du président socialiste, Evo Morales, a signé en octobre 2006, 44 contrats avec 10 compagnies pétrolières internationales, dont Petrobras (Brésil), Repsol (Espagne), Total (France) après la nationalisation des gisements de gaz, le 1er mai 2006.
La Bolivie détient la deuxième réserve de gaz d’Amérique du sud après le Venezuela.
Le ministre des hydrocarbures Carlos Villegas, a affirmé que le nouveau directeur la compagnie publique bolivienne YPFB, Manuel Morales Olivera, alors conseiller du président du groupe, avait négocié verbalement avec les compagnies sans en aviser personne, y compris lui-même.
"Il ne peut y avoir de contrats sans approbation par le directoire de YPFB", a renchéri pour sa part M. Soliz, tandis que l’avocat Sergio Berrios, ex-contrôleur des hydrocarbures, estimait que les contrats "n’étaient pas valides", car il y avait eu une série d’erreurs de procédure.
En septembre 2006, alors que les négociations s’embourbaient, le ministre des hydrocarbures, M. Soliz, considéré comme trop rigide, avait été remplacé par Carlos Villegas, plus souple, pour parvenir à trouver un compromis avec les compagnies étrangères, indique-t-on dans les milieux pétroliers.
Les compagnies étrangères se sont engagées à investir plus de trois milliards de dollars entre 2007 et 2010 en exploration et production de gaz et pétrole, avait annoncé Carlos Villegas en octobre au moment de la signature des contrats.
Cuba courtise l'investissement étranger dans le secteur des hydrocarbures
Les autorités pétrolières cubaines ont organisé samedi une tournée des infrastructures pétrolières et gazières de l'île pour des géologues et des experts pétroliers étrangers, dont un conglomérat canadien, dans le but d'attirer l'intérêt international et les investissements.
Les participants à une conférence sur les sciences de la terre ont étés amenés par l'entreprise d'Etat pétrolière cubaine Petroleos sur plusieurs sites d'extractions pétrolières dans un secteur riche en pétrole dans la partie nord de l'île. Un des sites visités a été une raffinerie de gaz, construite au coût de 230 millions $, de l'entreprise cubano-canadienne ENERGAS près de Boca de Jaruco.
"La géologie ici est très similaire à celle que l'on retrouve dans l'est du Mexique ou le sud des Etats-Unis", a dit Rafael Tenreyro, un spécialiste du forage pour l'entreprise d'Etat, Cupet.
Environ 95 pour cent de la production quotidienne cubaine de 85 000 barils de pétroles et de 3,4 millions de mètres cubes de gaz naturels viennent de la région près de la côte nord.
Les autorités cubaines espèrent trouver des réserves encore plus importantes au large des côtes et des entreprises étrangères participent déjà
à l'exploration en partenariat avec le gouvernement cubain.
"Nous venons de commencer et nous ne voyons que la pointe de l'iceberg, a dit M. Tenreyro. Notre but est de continuer à explorer et de découvrir d'importants champs de pétrole."
Une étude géologique américaine a estimé que le nord de Cuba contient de 4,6 à 9,3 milliards de barils de brut et de 280 à 620 milliards de mètres cubes de gaz naturel.
Depuis 2003, des entreprises de Norvège, d'Inde, de Malaisie, d'Espagne et du Venezuela ont réservé des blocs pour l'exploration pétrolière, doté d'accords de partage de la production avec Cuba.
Les entreprises américaines ne peuvent par contre pas investir en raison de l'embargo commercial en vigueur depuis 45 ans.
Hydrocarbures: Les dangers du pétrole au developpement
Hydrocarbures: Les dangers du pétrole au developpement
Produire du pétrole n'est pas synonyme de développement. L'expérience de plusieurs pays africains et même européens le prouve.
Etre producteur de pétrole constitue-t-il une chance ou une malédiction pour un pays ? C'est le problématique soulevé par le professeur Fereydoun Khavand, directeur de séminaire au Centre d'études diplomatiques et stratégiques (CEDS) de Paris, lors d'une conférence sur le thème “pétrole et développement” organisée par le CEDS de Madagascar, à l'hôtel Panorama.
Durant presque une heure et demie, ce professeur des Hautes études internationales et commerciales a réussi à captiver l'attention d'une assistance composée de hautes personnalités diverses, dont le directeur général de l'Office des mines nationales et des industries stratégiques (Omnis) ainsi que de nombreux professionnels opérant dans le secteur pétrolier.
Le premier constat fait par Fereydoun Khavand est que les indices de développement humain et économique de bon nombre de pays producteurs de pétrole sont en dessous de ceux de pays non producteurs. C'est le cas surtout de l'Iran, mais aussi du Nigéria, du Soudan, de l'Algérie et la Namibie, par rapport à des pays comme le Maroc ou la Tunisie.
Les explications techniques de cette situation sont liées aux perturbations causées par la gestion du revenu de l'exportation de pétrole ou “le pétrodollar” sur l'économie. D'abord, il provoque une surévaluation de la monnaie nationale et plombe la compétitivité des produits non-pétroliers à l'exportation. Du coup, la diversification de l'économie devient impossible, ce qui marginalise une grande partie de la population, alors que les retombées de la manne pétrolière profite à une minorité.
Diversifier l’économie
L'injection du pétrodollar dans le circuit économique entraîne une augmentation de la masse monétaire, ce qui favorise l'inflation atteignant les 20% en Iran. “En Iran, l'Etat subventionne par la vente du pétrole la production des produits non pétroliers destinés à l'exportation”, affirme Fereydoun Khavand.
Côté politique, l'existence du revenu dû est un obstacle à la dictature. Les gouvernements qui n'ont plus besoin des contribuables dérapent facilement vers la dictature, car la notion de “pouvoir populaire” n'existe plus.
Face à ce constat, la diversification de l'économie, malgré le revenu du pétrole, est recommandée. Il faut également limiter l'injection de pétrodollars dans le circuit économique. L'expérience norvégienne, troisième exportateur de pétrole mondial, a été citée par le conférencier avec la création d'un fonds de stabilisation ou “fonds pétrolier”. “Une manière aussi de penser à l'après-pétrole, c'est-à-dire quand la réserve sera épuisée”, conclut Fereydoun Khavand.
L'organisation de cette rencontre s'inscrit dans un contexte très précis : que Madagascar devienne un pays producteur de pétrole d'ici quelques années. Elysé Razaka a annoncé que l'exploitation de l'huile lourde de Tsimiroro devrait débuter d'ici trois ans. Une première production appelée “projet pilote” destinée à déterminer le comportement de ce gisement de 200 milliards de barils devra démarrer dans les mois à venir.
Source: lexpress de Madagascar