Clôture à Alger d'une réuion de la CNUCED sur les hydrocarbures ...
La 10ème réunion de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) sur le négoce et le financement des hydrocarbures en Afrique a pris fin mercredi à Alger, après avoir adopté un rapport sur la situation énergétique en Afrique et les perspectives de coopération entre les pays africains dans ce secteur.
Aux termes de ce rapport, l'Afrique a non seulement des opportunités dues à la conjoncture pétrolière actuelle, elle doit aussi relever de nombreux défis en la matière.
Les pays africains exportateurs de pétrole tirent bien sûr profit de la hausse de l'or noir sur le marché international pour la relance de leur économie, mais la facture s'est alourdie pour ceux qui importent des produits pétroliers, selon ce rapport.
La CNUCED a souligné, dans son rapport, la nécessité d'utiliser les recettes pétrolières pour couvrir les investissements dans les infrastructures de base et d'équilibrer le développement des secteurs productifs, dont l'agriculture et la pêche.
Une trentaine de ministres africains ou leurs représentants ont pris part à cette réunion de quatre jours. La prochaine conférence se tiendra en 2007 au Kenya.
Algérie : Sonatrach à l’assaut de l’Afrique
Sonatrach souhaite se développer en Afrique et annonce qu’elle investira 100 millions de dollars par an dans l’exploration pétrolière à l’étranger.
jeudi 6 avril 2006.
Sonatrach confirme son intention de se développer en Afrique. - 1.6 ko
Sonatrach confirme son intention de se développer en Afrique.
« Sonatrach fait de l’Afrique une zone d’intérêt prioritaire, avec l’objectif d’acquérir de nouveaux blocs d’exploration et des projets de développement de gisements en Libye, en Tunisie, en Egypte, au Niger, au Mali », a précisé M. Meziane. Le P-DG de Sonatrach a par ailleurs souligné, le « paradoxe énergétique » de l’Afrique. Rejoignant l’analyse du président de la République lors de l’ouverture de la conférence, il estimera que « les importantes réserves africaines en hydrocarbures (9% des réserves mondiales) restent sous-exploitées, alors que deux tiers de la population n’ont pas accès aux hydrocarbures et sont « contraints, dans une très grande proportion, à n’avoir comme source d’énergie que la biomasse et le bois de coupe ».
En Algérie, la moitié du domaine minier, d’une superficie de plus de 1,5 million km2, est encore inexplorée selon M. Meziane qui précise que le nombre de puits forés par 10 000 km2 est de 9, alors que la moyenne mondiale est de 100 puits pour 10 000 m2 a-t-il indiqué, ajoutant que ce rapport est de 6 par 10 000 m2 à l’échelle de l’Afrique. La consommation gazière du continent n’a même pas dépassé 3% de la consommation mondiale avec 70 % du volume consommé concentrés sur deux pays producteurs, l’Algérie et l’Egypte, a déclaré le P-DG de Sonatrach.
M. Meziane a aussi rappelé les deux grands projets panafricains pouvant illustrer la volonté d’intégration énergétique du continent, celui du gazoduc transsaharien devant relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger, et celui d’une société multinationale de lutte contre la pollution marine et des zones côtières africaines par les hydrocarbures. Pour sa part Nourredine Bouterfa, P-DG de Sonelgaz, a axé son intervention sur la stratégie de la société pour le développement des réseaux électriques afin de répondre à la croissance de la consommation. Il a indiqué que son groupe envisageait d’investir, à cet effet d’ici 2009, quelque 6,4 milliards de dollars pour l’électricité et 3,03 milliards de dollars pour la distribution de gaz.
Mauritanie : Des millions de barils en réserve
Des millions de barils en réserve
MAURITANIE - 26 mars 2006 - par MARIANNE MEUNIER
Depuis le 24 février dernier, la Mauritanie est membre du club très fermé des pays africains producteurs d’hydrocarbures.
Le 24 février, le gisement offshore de Chinguetti, officiellement découvert en mai 2001 à 80 km au large de Nouakchott, a libéré ses premières gouttes de pétrole. Ce jour-là, la Mauritanie est devenue le quinzième producteur africain d’hydrocarbures. Une consécration sur la scène internationale : classé parmi les pays dits moins avancés, le pays n’a jamais été une priorité pour les investisseurs, bien au contraire. L’or noir vient élever son statut. À l’heure où le baril s’échange à près de 60 dollars, l’immense État coincé entre le Sahara occidental et le Sénégal commence à susciter les convoitises des hommes d’affaires occidentaux qui, jusqu’alors, l’ignoraient bien souvent. On les rencontre dans l’avion ou dans les rues de la capitale, où les prix de l’immobilier se sont littéralement envolés. Mais l’enthousiasme est avant tout perceptible chez les Mauritaniens : « Nous allons devenir le Koweït de l’Afrique », se plaît à exagérer un habitant de Nouakchott.
Avec ses 120 millions de barils en réserve, Chinguetti n’est pas le seul gisement du pays. Banda, Tiof et Tevet promettent eux aussi de donner de l’or noir : d’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI), ils sont respectivement dotés de 100 millions, 280 millions et 100 millions de barils de réserves. Au total, la Mauritanie disposerait d’un potentiel minimal de 600 millions de barils, ce qui, à hauteur de 85 000 barils produits par jour, lui laisse vingt ans d’exploitation devant elle. Le temps de constituer un pactole qu’il est difficile d’évaluer compte tenu de la volatilité des cours. D’après les calculs du FMI, extraits d’un document intitulé « Managing Oil Wealth » (Gérer la manne pétrolière), la Mauritanie peut espérer que sa richesse nationale augmente en moyenne de 12 % par an entre 2006 et 2010. L’effet pétrole se vérifie déjà dans les prévisions de croissance pour 2006 : le PIB devrait gagner 26,7 % à la fin de l’année, contre 5,4 % en 2005 ! De même, le budget 2006 escompte 47,1 milliards d’ouguiyas de revenus pétroliers, soit 153 millions d’euros (le calcul est effectué sur la base d’un baril à 45 dollars). En d’autres termes, la ligne budgétaire « or noir » représente 25 % du total des recettes de l’État, en augmentation de 50 % par rapport à 2005.
Que cette manne vienne améliorer les conditions de vie, c’est ce que souhaite chacun des 3 millions de Mauritaniens, dont près de 40 % vivent en dessous du seuil de pauvreté. Avec une nuance de crainte, redoutant que la malédiction de l’or noir qui sévit dans d’autres pays du continent ne s’abatte également sur eux. Les autorités semblent d’ailleurs assez conscientes des inquiétudes de la population à ce propos et cherchent à prouver leur bonne volonté par tout un ensemble de garanties. Le pays a souscrit à l’Initiative pour la transparence des industries extractives (EITI) lancée par Tony Blair à Johannesburg en 2002. Le mot d’ordre est clair : les compagnies pétrolières doivent publier les montants qu’elles versent à l’État producteur, qui lui-même doit déclarer ce qu’il perçoit. En complément, Nouakchott a créé un fonds national des recettes des hydrocarbures. Les sommes perçues iront directement sur un compte dans une banque à l’étranger, et le montant des prélèvements effectués pour financer les dépenses de l’État sera fixé par la loi de finances. Un mécanisme qui n’est pas sans rappeler le Fonds pour les générations futures mis en place par le Tchad. À la différence que la Mauritanie est libre d’affecter ses ressources comme elle l’entend.
Loin de ces considérations financières, les Mauritaniens attendent des améliorations tangibles dans leur vie quotidienne. Obtenir un emploi grâce au pétrole, par exemple. De ce côté-là, le changement doit être relativisé. En 2005, les postes directement liés à l’exploration et à l’exploitation de Chinguetti sont au nombre de 1 488, dont 68 % sont occupés par des Mauritaniens. Pour la plupart, ils sont employés au port ou dans les entrepôts et exercent des fonctions peu ou pas qualifiées, comme chauffeur ou agent de maintenance… Les expatriés, eux, occupent des postes de direction et de construction. Le pétrole étant pour le moment extrait offshore, les effets concrets, qui ont commencé à se manifester dès le début de l’exploration, en 2001, sont à rechercher en dehors de l’exploitation proprement dite. Du côté des importations, que les devises vont rendre possibles, les exportations de pétrole étant payées en dollars. Mais aussi dans les activités de services comme l’hôtellerie, ou dans les augmentations de salaires intervenues en janvier dans la fonction publique et dans certaines entreprises privées. Tous les rêves sont possibles, y compris les plus pessimistes qui prévoient que seuls quelques-uns profitent de l’or noir. Mais, pour l’instant, l’heure est à l’état de grâce.
Conflit Bolivie/Petrobras : à quand pour Total ?
Par Elisabeth Studer
Les tensions augmentent de jour en jour entre le groupe pétrolier brésilien Petrobras et la Bolivie où il a consenti des investissements stratégiques dans l'exploitation du gaz naturel. Malgré l'entente entre les présidents brésilien Lula et bolivien Evo Morales, les relations sont loin d'être au beau fixe.
Ceci pourrait être bien préoccupant car révélateur de la volonté déterminée du gouvernement bolivien pour nationaliser les ressources naturelles d'ici le 12 juillet. Si Petrobras est le premier impacté, le groupe TOTAL pourrait logiquement en faire bientôt les frais. Le pays a également récemment indiqué les principales lignes de son nouveau projet de loi sur les hydrocarbures.
1 – Tensions entre Petrobras et la BolivieLe groupe pétrolier brésilien Petrobras s'inquiète des tensions croissantes avec la Bolivie, compte-tenu notamment d'investissements majeurs consentis dans le pays dans l'exploitation du gaz naturel. L'opérateur pétrolier tablait jusqu'à présent sur l'entente entre les présidents brésilien Lula et bolivien Evo Morales. Une source proche de Petrobras a confirmé la suspension fin février des négociations entre le groupe brésilien et le gouvernement du président Evo Morales. Ce dernier a réaffirmé récemment sa volonté de nationaliser les ressources naturelles d'ici le 12 juillet. Le ministre bolivien des Hydrocarbures Andres Solis a toutefois démenti jeudi que le dialogue soit interrompu entre la compagnie bolivienne YPFB et Petrobras.
L'objectif du gouvernement bolivien serait d'obtenir de meilleurs prix avant de porter de 30 à 78 millions de m3 par jour les exportations de gaz vers le Brésil. Petrobras précise pour sa part, qu'un processus de négociations semblait jusqu'à présent bien engagé. Cependant, "le climat a récemment changé", selon le président du groupe, s'exprimant dans un entretien publié jeudi.
Le ministre bolivien des Hydrocarbures avait vertement critiqué Petrobras la semaine dernière, accusant le Brésil de traiter son pays comme une "semi-colonie". M. Solis avait alors agité la menace des "pires choses imaginables" dans le cadre des négociations sur la modification des contrats de vente de gaz avec le Brésil et l'Argentine. Petrobras a d'ores et déjà prévenu que si des décisions unilatérales étaient prises, la position du groupe se radicaliserait également, même si à terme, cela ne pourrait qu'être néfaste pour les deux parties. Le groupe brésilien précise en effet que si Petrobras a certes besoin d'investir là-bas, la Bolivie a également de ces investissements, menaçant ainsi à mots couverts de stopper les investissement du groupe en Bolivie.
2 – Investissements de Petrobras en BolivieDepuis 1994, Petrobras a investi directement un milliard de dollars en Bolivie. Le groupe brésilien opère 46% des réserves de gaz naturel de la Bolivie et 25% de la production, tandis que 95% de la capacité de raffinage de pétrole brut est contrôlé par Petrobras. Le Brésil importe par ailleurs 26 à 27 millions de m3 de gaz naturel bolivien par jour, soit plus de la moitié de sa consommation. Petrobras fait valoir que ses activités représentent 18% du PIB de la Bolivie et 20% des investissements directs étrangers dans ce pays.
Le groupe s'efforce depuis l'accession au pouvoir d'Evo Morales de maintenir le dialogue ouvert avec la Bolivie. Il a ainsi proposé un protocole d'accord prévoyant sept axes de coopération, en particulier dans le domaine du raffinage, de l'exploration/production de pétrole, des biocarburants et du développement du marché du gaz naturel.
3 – Nouveau projet de loi sur les hydrocarburesLa stratégie énergétique du gouvernement est de donner la priorité à la construction de gazoducs à l’intérieur de la Bolivie. Il s’agit, en outre, de changer la matrice énergétique pour le gaz naturel, qui devra remplacer le diesel, l’essence et le GPL. Pour le gouvernement bolivien, le pays doit se transformera en une contrée « remplie de gazoducs ».
En effet, si des moyens de transit existent en ce qui concernent les liens vers l'extérieur du pays, la Bolivie ne dispose pour desservir son propre territoire intérieur que d’un seul gazoduc de 6 pouces (15.24 cm) , construit il y a 30 ans et cédé il y a 10 ans à Transredes (Enron-Shell), qui se révèle insuffisant pour répondre aux besoins de villes comme La Paz, Oruro et El Alto.
En ce qui concerne les oléoducs, gazoducs et polyducs, la Bolivie possède de peu de moyens. Un gazoduc de 86 cm s'étend jusqu’à São Paulo au Brésil, avec une capacité d’exporter de 30 millions de m3/jour. Un autre de 20 cm dessert également le Brésil, via Cuiabá. Un 3ème, sur la frontière sud du pays, va en Argentine, la Bolivie exportant vers ce pays 2,35 millions de m3. Des projets sont en cours pour vendre au Brésil 13,7 et 18,3 millions de m3 et augmenter jusqu’à 30 millions les ventes vers l’Argentine (9,15 millions de m3), avec la construction de nouveaux conduits.
4 - Projet de nationalisation des hydrocarburesSelon les propos du nouveau président bolivien, la nationalisation des hydrocarbures sera la première mesure de son gouvernement, en ce qui concerne le domaine économique. Dans le domaine politique, la priorité sera la mise en place de l’Assemblée constituante pour « en finir avec l’État colonial qui régit la nation bolivienne jusqu’à présent ».
La nationalisation consistera fondamentalement en la récupération de la propriété de la totalité des hydrocarbures, tant au sol que dans le sous-sol; de la participation majoritaire de l’Etat dans toute la chaîne de production des hydrocarbures et du contrôle total de sa commercialisation, ce qui inclut le droit de fixer des prix internes et externes, les volumes de vente et la destination. Ces aspects sont évoqués, en grande partie, dans la nouvelle loi sur les hydrocarbures, du 17 mai 2005. Il s’agit maintenant de mettre en pratique ce qui avait déjà été obtenu dans le texte de loi.
Les compagnies pétrolières semblent craindre des mesures radicales à leur encontre, dans le cadre de cette nationalisation. Des changements draconiens de leurs conditions d’exploitation pourraient en effet intervenir. A ce sujet, Evo Morales précise qu'il ne s’agit pas pour la Bolivie de confisquer ou d’exproprier les biens des compagnies pétrolières. Selon lui, cependant, elles n’ont pas à exercer un droit de propriété sur les hydrocarbures, qui eux, appartiennent directement à la nation bolivienne. Désormais, c’est le gouvernement bolivien qui "devra exercer ce droit", en s'appuyant sur la Constitution politique d’État : quelle que soit la compagnie pétrolière qui souhaite investir dans le pays, celle-ci devra se subordonner à la Constitution.
Selon Evo Morales, de nombreux avocats affirment que les contrats qui régissent actuellement les liens entre ces entreprises et l’État bolivien sont nuls de plein droit, car non ratifiés par le Congrès. Pour les compagnies qui « feront preuve de responsabilité », la Bolivie garantira leur retour sur investissements, ainsi qu’une part de profits. Les méthodes de partages établies précédemment où l’État ne gagnait que 18 % des royalties, et les compagnies 82 % ne peuvent perdurer, selon lui. « Si le peuple a voté pour la nationalisation, la voix du peuple, c’est la voix de Dieu, et il faut donc la respecter ». La date de la nationalisation sera annoncée par le président Evo Morales au cours des prochaines semaines.
YPFB, opérateur pétrolier national bolivien, sera vu comme « bras exécuteur de la politique d’hydrocarbures du pays » et jouera un rôle actif dans toute la chaîne de production du secteur. L'entreprise publique pourra ainsi s’articuler avec les autres entreprises d’Amérique latine, avec l’objectif de mieux défendre les intérêts du pays.
5 – Possible refonte du prix du gazA l'heure actuelle, le gaz étant régi par un prix fixe, la Bolivie vend parfois le sien à un prix inférieur à celui du marché. Dans ce contexte, devrait être établi en priorité un prix pour le marché interne qui ne soit pas soumis aux exigences du marché international. En second lieu, les contrats régissant jusqu’à présent les conditions de vente, établissant les cours du barils de pétrole à 16 ou 17 dollars, devront être revus, selon les propos du gouvernement bolivien.
La Bolivie doit tout d’abord résoudre ses problèmes d’approvisionnement interne. L'objectif sera ensuite d’augmenter en priorité les exportations aux pays de la région. Si les prix qui seront établis ne peuvent être déterminés dès maintenant, dans tous les cas, les exportations doivent être orientées vers des relations inter-étatiques, selon le nouveau gouvernement bolivien. « Ca ne doit plus être Repsol Argentine qui achète du gaz ou du pétrole à Repsol Bolivie. Ce doit être l’État bolivien qui vend son gaz souverainement à l’État argentin ». C’est la seule manière viable de faire en sorte que les ressources générées par le gaz profitent à la grande majorité, plutôt qu’aux compagnies pétrolières qui ne sont qu’une minorité, selon Evo Morales.