lundi, janvier 09, 2006

Bolivie : appel aux investissements de TOTAL et de la Chine

Par Elisabeth Studer le 9 janvier 2006


Après Cuba, avec qui il a signé des accords de coopération en matière de santé, et le Vénézuela, qui lui fournira pour 150 millions d'euros par an de carburant en échange de produits agricoles, le président élu bolivien, Evo Morales, effectue une tournée en Europe.

En visite en France, samedi, il a souhaité que le groupe français Total poursuive ses investissements gaziers dans son pays. De son côté, Jacques Chirac a plaidé pour l'obtention d'un cadre juridique sûr. Vers la mi-décembre, le nouveau président bolivien avait annoncé que suite à son élection, son gouvernement n'allait ni exproprier ni confisquer les concessions pétrolières aux mains de 26 compagnies étrangères opérant en Bolivie dont Total fait partie.

Au premier jour de sa visite en Chine, dimanche, Evo Morales, a également proposé aux entreprises pétrolières d'investir en Bolivie. Le 5 janvier, la Chine s'était dite prête à renforcer sa coopération amicale avec la Bolivie dans les différents domaines, y compris celui de l'énergie.


- I – Relations entre la Bolivie et la France

Jacques Chirac a reçu samedi le nouveau président élu de Bolivie. Evo Morales, qui a fait campagne sur la nationalisation du secteur des hydrocarbures, a exprimé le souhait que les investisseurs étrangers poursuivent leurs investissements en Bolivie, citant Total. "Nous avons besoin des investisseurs pour construire des routes et des infrastructures", a-t-il dit.

Le Président Français a quant à lui souligné qu'"il était important de veiller pour les investisseurs étrangers à la sécurité du cadre juridique", précisant que la Bolivie pouvait compter sur une vraie coopération de la France. Il a par ailleurs indiqué qu'un membre du gouvernement se rendrait à la Paz pour l'investiture de M. Morales.

Le président Chirac a dit également souhaiter développer la coopération bilatérale, assez faible, laquelle s'appuie essentiellement sur un contrat de désendettement-développement de 20 millions d'euros concentré sur la santé.

II - Implantation de TOTAL en Bolivie

En novembre 2004, le gouvernement bolivien avait précise que Total avait l'intention de rester en Bolivie, malgré l'adoption attendue d'une nouvelle loi renforçant la présence de l'Etat dans le secteur gazier. Les représentants de l'entreprise avaient confirmé la découverte significative de gaz dans le lot Incahuasi X-1, dans le sud-est de la Bolivie, sur le permis Ipati où Total est présent .

Total Bolivia, filiale de Total, est l’opérateur du bloc Ipati avec une participation de 80 %. Son partenaire est la société argentine Tecpetrol, les deux sociétés étant également détentrices dans les mêmes conditions, du bloc d’Aquio, adjacent au permis d’Ipati.


Présent dans ce pays depuis 1996, le Groupe a découvert en 1999 le champ gazier d’Itau dont il est opérateur avec une participation de 41 %. Total est également partenaire à hauteur de 15 % des champs de San Alberto et de San Antonio dont les productions alimentent en gaz le Brésil depuis 1999 et l’Argentine depuis 2004.


III – La Bolivie et l'Europe

L'UE insiste, tout comme Jacques Chirac sur le maintien de la sécurité juridique.

Le futur chef d'Etat -qui prendra ses fonctions ce 22 janvier- maintient une certaine ambiguïté sur le sujet. En effet, le 4 janvier, le responsable international du parti Izquierda Unida (Gauche unie) d'Espagne indiquait que le nouveau chef d'Etat bolivien avait expliqué qu'il n'allait «pas nationaliser la production d'hydrocarbures mais seulement demander une participation de l'Etat, avec de nouveaux contrats». Le même jour, Evo Morales disait à la presse espagnole: «L'Etat bolivien exercera le droit de propriété. Oui, nous allons nationaliser, mais cela ne signifie pas confisquer. Les entreprises ont le droit de faire des bénéfices, mais équilibrés.»

Le 5, à Bruxelles, Evo Morales a rencontré le Haut représentant européen pour la politique étrangère, qui a, pour sa part, souligné l'importance de la «sécurité juridique» des investissements étrangers en Bolivie et d'un «environnement de stabilité», précisant que si les décisions d'Evo Morales étaient compatibles avec le droit, il serait soutenu par l'UE».

Enfin, les Pays-Bas ont offert à La Paz leur “expérience en matière de partenariat public- privé dans la gestion du gaz ainsi qu'une assistance dans les technologies gazières».

IV– Précisions sur le cadre juridique lors de la visite en Chine

Au premier jour de sa visite en Chine, dimanche, le président bolivien a souligné souhaiter reprendre le contrôle des hydrocarbures en passant de "contrats à risques partagés à des contrats de services".

"Dans le contrat de risques partagés, les Boliviens, nous sommes propriétaires des hydrocarbures dans le sous-sol et les entreprises à la superficie. Ce que nous proposons dans les nouveaux contrats c'est que la Bolivie soit propriétaire à la fois du sous-sol et du sol, M. Morales garantissant aux entreprises qui accepteraient "sécurité juridique" et "bénéfices normaux".

Si les entreprises ne souhaitaient pas changer de type de contrats, l'Etat bolivien se dit prêt à prendre toutes les mesures nécessaires. Selon lui, les autorités chinoises se sont montrées prêtes à collaborer dans le nouveau cadre légal proposé.

V – Relations diplomatiques entre la Bolivie et la Chine

Le président bolivien a proposé aux entreprises pétrolières chinoises de venir investir en Bolivie dans le cadre de la nationalisation du secteur des hydrocarbures, selon les règles du jeu définies par la nouvelle norme juridique et dans différents domaines tels que l'énergie, le secteur minier, l'agriculture.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé quant à lui, le 5 janvier que la Chine était prête à renforcer sa coopération amicale avec la Bolivie dans les différents domaines, y compris celui de l'énergie.

En réponse à une question sur un éventuel accord de coopération énergétique, le ministre a indiqué que la Chine et la Bolivie maintenaient de bonnes relations de coopération et que la Chine désirait intensifier la coopération réciproquement bénéfique avec la Bolivie à différents niveaux