Bolivie : nationalisations spectaculaires
Bolivie : nationalisations spectaculairesLe Figaro, 02 juin 2006, (Rubrique International)
Les multinationales ont six mois pour négocier de nouveaux contrats.
«EVO MORALES a franchi toutes les limites. C'est bien simple, il ne nous reste rien !» La conclusion de ce dirigeant d'une des majors du pétrole montre bien à quel point l'annonce de la nationalisation des hydrocarbures (les deuxièmes gisements du continent), le 1er mai, a pris les acteurs de court. Plus qu'un recouvrement de souveraineté, le président bolivien a annoncé que le partage des bénéfices sur les deux principaux champs de gaz était totalement inversé, laissant aux multinationales 18% des gains pour financer dette et investissement et dégager des dividendes.
Les 180 jours concédés par La Paz pour négocier donneront probablement lieu à une marche arrière, au moins sur les futures explorations. Evo Morales veut faire justice à son peuple qu'il juge spolié par les multinationales. Il est vrai que le principal exploitant, la brésilienne Petrobras, achetait le gaz à bas prix – 3,6 dollars le m3 – et qu'elle a profité de sa position de premier investisseur du pays pour laisser plusieurs factures en souffrance.
La Paz voudrait une hausse de deux dollars, ce qui n'est pas excessif vu la hausse des cours. Mais échaudé par une nationalisation vécue comme un coup de poignard dans le dos, le Brésil envisage de diversifier son approvisionnement de gaz, en accélérant l'exploitation de ses propres ressources et en important du gaz naturel liquéfié (GNL) par méthanier. Privée du marché brésilien, la Bolivie resterait alors prisonnière de ses richesses, puisque sans accès au Pacifique.
Les multinationales ont six mois pour négocier de nouveaux contrats.
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